Expo #1 J.Mijangos

Type Tope
Julien Mijangos




















vernissage mercredi 22 février 2012 à 18h00
Place de la Calade, Nîmes




Pour le texte, quoi qu'ils fassent, les artistes essaient toujours de tout dire, non ? 

La voiture, un lieu d’exposition ? Connectée qu'elle est ? A l’envers, qu’est-ce qui n’est pas un lieu pour une voiture aujourd’hui ! Et pour une sculpture n’en parlons pas ! La voiture aménagée pour des espaces aménagés. La route le parc la place, de la Calade.. Voiture et route sont chacun l’un pour l’autre un type topique ou un topos typique. De même aujourd’hui, pas de sculpture sans frêt.  Mais la vraie sculpture tout terrain, pour aller vraiment partout, c’est comme la voiture, on ne la fabriquera jamais ! Il faut toujours définir ses prises, le registre de son action, le terrain de la sculpture. Pour que le travail soit possible il faut définir un ensemble de possibilités. Chaque sculpture n’est pas tout terrain, mais elle mesure son adaptation. C’est l’art, qui est ou serait multiprise. Mais aussi il est un ensemble assez inenvisageable, en dehors de ce qu’on essaie de tracer à l’intérieur. Un immense problème parcouru de grandes et petites solutions où les transversales ont leur rôle...
Dans la pratique, quand on y pense, cette prise réciproque du type et du tope est le théâtre de nombreux retournements. S'y contorsionnent à la Beckett les limites entre les corps et les environnements, les buts et les moyens, faisant de toute condition (sociale, physique, sculpturale) une articulation et une crampe. Même si ce tour de l'immanence est parfois vilain, ne peut-on que le subir ? Là-dedans on peut inventer un peu d'ergonomie, au moins un semblant, tracer quelque chose, des outils, des systèmes, retenir un tout petit peu le même fleuve sans pour autant faire gonfler les chevilles.
La voiture me permet de montrer que mes sculptures sont des voitures. La sculpture ainsi topique marche sur l'aire, l'étendue, la longueur et l'abri, abri soit dit en passant qu'il s'agit toujours de rejoindre* ! Nos précieuses limites soigneusement construites ! Ou bien seulement éprouvées a posteriori, mais là encore, avec soin.

*et dans l'abri de nouvelles aires, étendues, longueurs... On roule au pas.

Donc "exposition" est induite des possibilités de poser : "position" comme on a dit plus justement. Tout dépend dans quoi on estime être embarqué, à quel niveau de poupée russe, qu’est-ce qui est aujourd’hui la maison ou l’extérieur de l’art. En voiture, je suis dehors ? C'est pourquoi quant à savoir où on va recevoir les gens, le lieu d'exposition, lieu d'usage pour usagers, la seule chose qui m'importe est de poser les objets autour de la voiture - dans un espace qui lui est donc constitutif. Exosquelette structurel de la galerie, son contenu sera autour, à côté. Et la Place de la Calade sera parfaite, merci Philippe Pannetier !
Tout comme une galerie plus dure et moins mobile, on perçoit ici d’autant mieux la solidarité de la galerie et de ses œuvres, son fond, squelette fondamental. Je ne considère pas ce fond comme un contenu interchangeable,  opposable à la pérennité des locaux. Une galerie, c'est certes aussi bien une voiture, mais plus largement c'est quelqu'un, un(e) Mensch !

Toute galerie se signale comme un contenant, même exo-. Taillé pour être déployé autour, mon objet retourne de fait à l’intérieur de la voiture. C’est le même. Stockage, transport, feux de croisement, rejoindre, nuit... Ainsi ramassé en voiture le corps de l’exposition ne s’interrompt pas. Il y a le jour de l’exposition, et aussi la nuit !

Pour rouler sans s’endormir j’ai une chanson et un jeu :

Les gens sont des signaux lumineux,
et moi une belle place ! (bis)
Au loin les lignes desserrent un peu,
sous moi ça s'espace ! (bis)

La lumière brille
dans le mille des panneaux.
Compte tout ce qu'on gagne ! Ou
la marque passe, et on l'oublie.

2012 Mijangos







après cambriolage d'une partie de Type Tope